Les compositions dynamiques de l’artiste Ellen Akimoto nous plongent dans l’incertitude et la désorientation en raison de la spatialité particulière de ses toiles. Tout en mettant l’accent sur la dimension fictionnelle, elle crée une rupture dans la logique spéculaire habituelle. La tension et la complexité, que nous éprouvons devant ses tableaux, résulte de l’écart entre une apparente familiarité et une impression de déformation visuelle, comme une perception au travers d’une lentille subtilement imparfaite.

Le processus de création d’ débute de manière radicalement instinctive. Une série d’intuitions la guide dans la construction de l’oeuvre, ce sont les formes et les poses des personnages qui constituent les idées directrices. C’est souvent dans un moment de franchissement que la structure de l’oeuvre se met véritablement en place. Le point de résolution est trouvé lorsqu’un dialogue ambigu s’ouvre entre les éléments formels et le sujet. Le point culminant de ce processus est la présence de l’artiste elle-même comme protagoniste dans certaines de ses compositions.

Le thème central dans le travail d’Ellen Akimoto est la construction tout autant que la déconstruction de l’espace. Différents points de vue coexistent simultanément pour se fondre apparement dans une seule image qui à son tour excède le cadre censée la contenir. La composition de la toile détourne ainsi les règles de la perspective selon Alberti et l’artiste nous invite avec ingéniosité à entrer dans un jeu entre bi- et tridimensionalité. Ellen Akimoto a débuté son travail artistique par des collages sur papier et cette expérimentation fondatrice se traduit aujourd’hui dans sa peinture. Les plans se dédoublent, se chevauchent et se déplacent, comme dans les «joiners», ces collages photographiques de l’artiste David Hockney. Dans les oeuvres présentées se manifeste aussi en filigrane l’influence tant des peintures de la Renaissance en Europe du Nord, particulièrement la peinture flamande, que celle des gravures sur bois japonaises. Ces références imprègnent son audacieux travail de coloriste et les puissants contrastes entre les teintes acidulées accentuent la dimension énigmatique qui traverse ses oeuvres.

La galeriste Alexandra Chiari souligne que « le travail d’Ellen Akimoto évoque une nouvelle de Kafka traduit en langage pictural. »

 Née en Californie, l’artiste vit et travaille à Leipzig, Allemagne. Ce changement culturel a un impact profond sur l’approche de la peinture de l’artiste. Plus récemment, l’artiste a commencé à travailler avec le logiciel 3D « Blender » dans le but d’explorer les nuances et les subtilités de la couleur et de la lumière. Les images qui en résultent sont transposées sur toile, une technique de marquage que l’artiste approfondira pendant sa résidence en France.

L’exposition personnelle d’Ellen Akimoto est organisée par la galeriste Alexandra Chiari assistée par la jeune curatrice, Gabriella Beaumont et aura lieu à la Galerie Heimat, à Saint-Rémy-de-Provence.

Parallèlement l’artiste effectue une résidence artistique chez NG Art Creativity, au Moulin de Gréoux, à Maussane, en Provence, dirigée par Nicky Ginsberg, galeriste de longue date à Sydney.

Gabriella Beaumont, curatrice