Winner of the NG Art Creative & Galerie Heimat Artprize

Le lauréat Benjamin Jones a été sélectionné par un jury indépendant, formé par Alice Workman, directrice et cofondatrice de la galerie Bo Lee & Workmann, ancienne directrice chez Hauser & Wirth (Cultural Centres Europe) et Gary Sangster, curateur et directeur consultant chez Drawings Project UK.

L’artiste a effectué un séjour de 3 semaines dans la résidence NG Art Creative à Maussane chez Nicky Ginsberg pour préparer cette exposition.

Submergé par le puissant flux d’images, toujours plus synthétiques, auquel nous sommes tous exposés aujourd’hui, le geste de la photographie pourrait apparaître anachronique. Au travers de sa série abstraite ou de ses poppys, le jeune photographe anglais Benjamin Jones nous démontre qu’une photographie est toujours une construction. Son choix de travailler exclusivement en analogique loin d’être une concession au classicisme se révèle une nécessité au regard de l’œuvre de plasticien qu’il accomplit, entre scénographie et sculpture d’images. Le cadrage et la prise de vue sont ainsi à l’orée d’un processus de fabrique de l’image qui lui restitue la complexité que son immédiateté nous dérobe. Benjamin Jones effectue lui même ses tirages et la chambre noire est le lieu où s’élabore par strates successives l’objet-image. Il compose ainsi, à partir de papiers découpés, un canevas de formes géométriques épinglées sur une image botanique, masquant le motif initial à certains endroits, soulignant le détail des parties laissées visibles. L’opération se répète plusieurs fois et le collage qui en résulte constitue un portrait abstrait du monde végétal où s’entremêlent ses innombrables facettes. Parmi les champs débordés de fleurs, Benjamin Jones isole des fragments sensibles là où l’œil ordinaire est ébloui par un kaléidoscope de sensations. Les plus petites fleurs cachées par leurs congénères apparaissent enfin dans l’écrin tendre que l’image lisse et floue leur offre. Cette manière de magnifier un détail d’habitude inaperçu nous dit l’enjeu de ces photographies : moins l’image que le regard comme un tissage autre du monde.