27.05 — 02.07.2023
Ce qui est durable, c’est ce qui reste. Mais qu’est-ce qui restera ?
Cette question est centrale dans l’approche artistique d’Yves Monnier et elle est liée à la préoccupation des changements que notre monde subit aujourd’hui. L’artiste utilise des produits inhabituels et travaille de manière non conventionnelle. Les oeuvres exposées font partie de la série « Mémoires Contemporaines » qu’Yves Monnier poursuit depuis 2018 dans le but de pérenniser des images que l’artiste reçoit via une plateforme.
A partir de ces images récoltées, l’artiste élabore une grammaire spécifique pour ses oeuvres. Des matières étranges comme le goudron, du vitrificateur, de la peinture à carrosserie ou encore du plastique sont ainsi des habitués dans l’atelier de l’artiste. Quant au support il est lui aussi insolite: La toile fait place à des plaques de béton ou de Fermacell rehaussées à la feuille d’or.
Au travers d’un écran de sérigraphie il fait renaître couche après couche l’image en réalisant une peinture sans pinceau, une peinture imprimée. Par strates successives il transforme ainsi les pixels des images numériques dans un tableau perpétuel, que l’on pourrait appeler une oeuvre extérieure, un opus résistant qui ne nécessite pas de mesures de conservation particulière.
L’imprégnation atmosphérique est l’autre procédé singulier de l’artiste. Les plaques de Ferrmacell recouvertes d’un pochoir sont abandonnées dans la foret ou en ville; bientôt la poussière, la pollution, des champignons etc se répandent et marquent de leur empreinte la partie non protégée. Le résultat est une oeuvre modelée en partie par le hasard des intempéries. Lumière, humidité et polluants atmosphériques, ces éléments qui menacent généralement la conservation des oeuvres d’art, deviennent la force créatrice des oeuvres d’Yves Monnier.
Alexandra Chiari