02.09 — 28.10.2023
Quelles œuvres quand demain est déjà aujourd’hui? Les artistes ne cessent d’anticiper les mondes à venir dont ils nous livrent les prémisses, de tous encore, inaperçus. William Ruller et Matthieu Faury dressent eux un portrait fascinant de notre époque, où réchauffement climatique et déclin des ressources naturelles ne sont déjà plus les maitres mots d’un avenir angoissant mais un présent palpable, qui affecte notre chair et notre pensée. Une formidable puissance créatrice a façonné le seul monde que nous connaissons. Cependant notre course sur l’autoroute du progrès a laissé des cicatrices indélébiles qui sont aussi notre patrimoine désormais. Dans les travaux présentés, nous sommes pourtant loin de l’inferno qui se déploie dans les visions de Jérôme Bosch et qui raconte à l’homme son apocalypse.
Le regard de William Ruller est ainsi aimanté par les vestiges d’une culture industrielle qui ignore sa possible extinction. La figure humaine s’absente et ne se manifeste plus que par ce qui reste de ses édifices comme autant de signatures anonymes. Construction et décomposition se fondent dans une seule image. Les usines abandonnées et privées de leur fonction deviennent alors des sculptures peintes d’acier et d’évanescence.
Transmutations, ruptures et fantasmagories sont au coeur du travail de Matthieu Faury. Il nous emmène dans les lendemains de l’avenir, vers des oeuvres nées de la main et du feu qui sont les traces tangibles de l’Anthropocène. Le minéral, le végétal et l’animal fusionnent, se recomposent et renaissent en faunes, renards et autres créatures. Dans ces sculptures énigmatiques palpite notre désir de mythologies qui pourraient donner abri à l’imaginaire et nous offrir un sens à interroger.
Loin de tout pessimisme, le dialogue qu’ils nous proposent est une invitation poétique et pleine d’ironie à une réflexion qui refuse la fascination des désastres.